la gymnaste américaine Simone Biles dénonce l’inaction du FBI et des autorités sportives
Sky world news / Violences sexuelles : la gymnaste américaine Simone Biles dénonce l’inaction du FBI et des autorités sportives.
Sky world news/ Les gymnastes américaines Simone Biles, McKayla Maroney, Maggie Nichols et Aly Raisman ont dénoncé mercredi les manquements des autorités sportives et de la police fédérale pour empêcher les violences sexuelles commises par le médecin pédocriminel Larry Nassar.
Il y a la responsabilité directe, manifeste des agresseurs.
Et il y a celle de ceux qui ferment les yeux, détournent la tête. «On nous a laissé tomber et on nous doit des explications», résume, la voix brisée par l’émotion, la gymnaste américaine de 24 ans Simone Biles devant une commission du Sénat sur l’affaire Larry Nassar, l’ex-médecin pédocriminel de l’équipe féminine des Etats-Unis, dont elle a été l’une des nombreuses victimes. Cette commission est chargée se pencher sur les «manquements au devoir» du FBI dans la conduite de l’enquête.
Aux côtés de Simone Biles, les gymnastes McKayla Maroney, Maggie Nichols et Aly Raisman ont aussi dénoncé mercredi l’inaction des autorités dans ce qui est l’une des plus importantes affaires de pédocriminalité de l’histoire américaine.
L’ex-médecin de 58 ans Larry Nassar purge actuellement une peine de prison à vie après avoir été condamné en 2017 et 2018 pour des faits de violences sexuelles.
Depuis le début des années 90, plus de 250 gymnastes, la plupart mineures, ont été victimes de ces agissements au sein de la fédération de gymnastique, de l’université d’Etat du Michigan ainsi que d’un club de gym.
«Pour être clair, je rends responsable Larry Nassar et je rends responsable un système entier qui a permis et perpétré ces violences, la Fédération américaine de gymnastique et le Comité olympique américain», assène la championne multimédaillée en larmes. Cette audience intervient deux mois après la publication d’un rapport de l’inspection générale du ministère de la Justice, un organisme indépendant, accablant le FBI.
Dans le viseur : le bureau local de la police fédérale à Indianapolis, saisi dès juillet 2015 sur cette affaire.
Les agents «ont fait des erreurs nombreuses et fondamentales en [enquêtant sur ces accusations] et ont violé plusieurs règles du FBI», pointe le rapport. En 2015, McKayla Maroney a 19 ans lorsqu’elle s’efforce de décrire par téléphone à un agent du FBI les violences subies.
Au bout du fil, elle reçoit «le silence et le mépris».
«C’est tout ?» a indécemment conclu l’agent, comme le rapporte le New York Times. A l’absence d’empathie se mêle une incompétence criante.
«Non seulement le FBI n’a pas fait d’enquête, mais quand les agents fédéraux ont finalement fait un rapport dix-sept mois plus tard, ils ont fait de fausses déclarations sur ce que j’avais dit», accuse l’ancienne gymnaste de 25 ans, qui avait été agressée dès ses 13 ans.
Une falsification de témoignage jugée criminelle par la jeune femme et tombée dans l’oubli sans qu’aucune sanction ni poursuite pénale ne soient prises par le ministère de la Justice.
S’enfermant dans son mutisme, ce même département a refusé de témoigner devant la commission.
Même silence coupable face au témoignage d’Aly Raisman, victime de Larry Nassar dès 2010.
Elle l’avait dénoncé en 2015 à la Fédération.
«Le FBI a mis quatorze mois pour me contacter malgré mes nombreuses demandes de témoigner», assure l’athlète de 27 ans, qui conspue aussi les réactions des instances sportives.
«Le FBI m’a fait sentir que mes abus ne comptaient pas et que ce n’était pas réel.» Après le départ du médecin de la sélection en septembre 2015, il avait continué à travailler à l’université et au club de gymnastique, faisant une centaine de victimes supplémentaires.
«C’était comme servir des enfants innocents à un pédophile sur un plateau d’argent», lance l’athlète originaire de Boston.
Maggie Nichols, la première à dénoncer courageusement ces violences sexuelles auprès de la Fédération, aurait de son côté été sanctionnée : «Mon rêve olympique s’est évanoui à l’été 2015 quand mon entraîneur et moi avons dénoncé les agressions de Larry Nassar», raconte-t-elle. Directeur du FBI depuis 2017, Christopher A.
Wray n’a pu que reconnaître «les erreurs fondamentales faites en 2015 et 2016». S’adressant aux victimes, il déplore : «Je suis désolé que tant de gens vous aient laissé tomber encore et encore.» Le rapport de l’inspection générale est formel : l’inaction du FBI a mené à l’agression de plus de 70 jeunes filles et femmes sous couvert de traitement médical.
Une souffrance irréparable. Face au pressant «pourquoi», Christopher A. Way répond : «Je n’ai pas de bonne explication pour vous.
Ce qui s’est passé n’est pas acceptable.» Face à l’inexplicable, Christopher A. Wray a souligné que différentes réformes recommandées par le rapport de l’inspection générale avaient été engagées au sein du FBI, notamment une meilleure formation des agents sur les violences sexuelles.
L’agent Michael Langeman, qui avait interrogé McKayla Maroney, a été licencié du FBI.
Sans être nommé dans le rapport, ses multiples faux pas ont été décrits avec force précisions.
Il n’a ni traité cette affaire avec urgence ni alerté les autorités locales ou étatiques.
Un deuxième agent spécial du bureau d’Indianapolis mis en cause, W. Jay Abbott, a, lui, pris sa retraite volontaire en 2018. Dans la liste de ses manquements : de fausses déclarations aux enquêteurs du ministère de la Justice.